Sainte-Brigitte de Kildare
Elle pouvait transformer l'eau en bière et extraire du sel des rochers. Ses prières parvenaient à calmer le vent et la pluie. Et elle a fait exploser les yeux d'un homme qui l'avait insultée.
J'ignorais qu'elle avait un sale caractère. Quand j'étais petit, je connaissais seulement la gentille et douce Brigitte de la célèbre croix de Sainte-Brigitte – une croix à quatre branches tissée à partir de paille ou parfois de jonc.
Presque toutes les maisons de l'île d'Irlande en suspendaient au-dessus de leurs portes et de leurs fenêtres à l'occasion de la Saint-Brigitte, le 1er février, pour tenir les méchants démons et autres esprits malicieux à l'écart.
Statue de Sainte-Brigitte, comté de Kildare
Sainte-Brigite était la protectrice. À l'ouest de l'Irlande, les filles tissaient des poupées Brídeóg en son honneur, tandis que les jeunes « Biddy Boys » s'habillaient et portaient le Crios Bhríde (la ceinture de Brigitte) pour traverser le village.
La ceinture était un grand anneau de joncs. Enfilez-la et vous voilà béni(e). Persuadez les Biddy Boys de la porter pour traverser votre maison et vos écuries, et vous étiez assuré(e) que votre famille et votre bétail seraient protégés contre les forces les plus sombres.
Brigitte elle-même se rendait chez tout le monde à la veille de la Sainte-Brigitte. Vous deviez donc lui faire un lit et lui laisser de quoi se nourrir et s'abreuver, tout comme vous laisseriez du lait, des biscuits et des carottes pour le père Noël et son renne au réveillon de Noël. Vous pourriez même placer un chiffon ou une écharpe à l'extérieur pour qu'elle puisse bénir le tissu à son passage ; le Bratog Bhríde (manteau de Sainte-Brigitte), comme on l'appelait.
Puits sacré de Sainte-Brigitte, comté de Kildare
Mythes et miracles
De nombreuses histoires ont été racontées sur Sainte-Brigitte. Son père était un chef, sa mère une esclave, et Brigitte est née aux alentours de 450 après J.-C., au moment où l'Empire romain était en train de s'effondrer, et environ deux décennies après que Saint Patrick a commencé son grand tour d'Irlande, convertissant les chefs païens à la foi chrétienne.
Quand elle était bébé, elle refusait de boire autre chose que le lait d'une vache sacrée. Elle est devenue une jeune femme « dévouée à la bonté ». Elle a parcouru la campagne, trayant les vaches, nourrissant les affamés et guérissant les malades. Son âme était si pure que des fleurs et des trèfles apparaissaient partout où elle marchait.
Et les miracles ? Brigitte a fait très fort en matière de miracles. On en dénombre 46, selon l'un de ses tout premiers biographes, presque autant que Jésus lui-même.
Tout a commencé au début de l'adolescence, quand elle a donné tout son précieux lait et son beurre « aux pauvres et aux pèlerins », pour voir ensuite ses vivres merveilleusement réapprovisionnées le soir même après qu'elle se soit « tournée vers Dieu par la prière ».
Brigitte et le roi de Leinster
La plupart des miracles de Saint-Brigitte impliquaient des animaux. Elle les a guéris, sauvés, protégés des humains qui leur voulaient du mal. Elle a également gagné une place sacrée parmi les saints patrons de la bière après avoir réussi à extraire suffisamment de bière d'un seul fût pour étancher la soif des paroissiens de 18 églises différentes.
Le coup de la bière était impressionnant. Cependant, son miracle le plus exceptionnel est celui qu'elle a réalisé lorsqu'elle a demandé au roi de Leinster de lui donner des terres pour installer sa communauté naissante à Kildare. Revenons un peu en arrière : quand elle était jeune fille, Brigitte a rejeté une demande en mariage pour embrasser une vie de « vierge de Dieu ». Elle a pris le voile de religieuse sur la colline de Croghan, dans le comté d'Offaly, ou bien sur la colline d'Uisneach, ou à Fartullagh, tous les deux dans le comté de Westmeath, selon la version des événements que vous lisez.
Selon un récit plutôt sympa, elle est ensuite partie en chariot pour une mission visant à répandre la foi dans le royaume de Tethbae, qui abrite aujourd'hui les comtés de Westmeath et de Longford.
The Curragh, comté de Kildare
Une terre pour son église
D'une manière ou d'une autre, Brigitte s'est retrouvée sur une crête herbeuse à l'extrémité ouest des plaines de Curragh recouvertes d'ajoncs, accompagnée d'un groupe de religieuses, dont elle était le leader.
Elles étaient manifestement capables de grandes choses car elles ont par la suite construit une petite église en chêne sur cette crête. Le mot irlandais pour église est « cill » et le mot vieil irlandais pour chêne est « daire ». Combinez les deux et, au fil du temps, vous obtenez Cill Dara, ou Kildare, dont le comté tire son nom.
Une église, c'est très bien, mais Brigitte avait besoin de terres pour aller avec. Elle a donc rencontré le roi de Leinster qui lui dit qu'elle pouvait avoir autant de terre que la cape qu'elle portait pouvait couvrir. Ainsi, Brigitte a retiré sa cape, donné un coin à quatre jeunes vierges avec pour instruction de courir dans quatre directions aussi vite et aussi loin que possible.
La cape s'est avérée être véritablement magique, recouvrant Leinster en long et en large. Et c'est ainsi que le roi a attribué à la nouvelle église de Brigitte un immense domaine, comprenant les prairies fertiles de Curragh, sur lesquelles ses moutons et son bétail pouvaient désormais paître.
Faire connaître Kildare
Un moine qui s'est rendu à Kildare au VIIe siècle a décrit l'église d'origine de Brigitte comme ayant « une hauteur impressionnante… ornée d'images peintes ». Cette église en bois l'a propulsée au rang de l'un des trois saints nationaux d'Irlande, tandis que Kildare est devenue l'une des plus importantes fondations paléochrétiennes d'Irlande.
Selon un premier visiteur, c'était « une vaste ville métropolitaine et la ville refuge la plus sûre de toute la terre des Irlandais pour tous les fugitifs, où les trésors des rois sont conservés ».
1 500 ans plus tard, Kildare continue d'être le bastion de Sainte-Brigitte. Située à 50 km au sud-ouest de Dublin, cette ville animée, accueillante et dynamique regorge de restaurants, de brasseries gastronomiques, de cafés bistro, d'épiceries et de pubs.
Un marché alimentaire ouvre le week-end sur la nouvelle place piétonne de la ville, qui descend la crête d'origine de Kildare, avec des étals répartis entre des chênes et les plantes en pot. Des airs paisibles s'échappent du Firecastle Café, accompagnant les arômes du levain. Et il y a un sens évident de la tradition sportive de Kildare dans les courses hippiques, le rugby et le football gaélique.
Au milieu de la place, le centre historique invite les passants à profiter des « légendes de Kildare », une visite en réalité virtuelle de l'histoire de la ville où vous rencontrerez Brigitte la déesse et Sainte-Brigitte, ainsi que d'autres personnages de la mythologie celtique irlandaise et du passé médiéval. L'ensemble du spectacle dure environ 30 minutes et c'est un excellent moyen de comprendre ces événements.
Cathédrale Saint-Brigitte, ville de Kildare
Un site apprécié des Vikings
Toutes les heures, les cloches de la massive cathédrale Sainte-Brigitte résonnent, construite à l'endroit même où notre héroïne éponyme construisit son église en bois. Entouré d'un haut mur de pierre, le complexe de la cathédrale comprend une partie d'une haute croix et une tour ronde imposante construite à l'époque où les Vikings occupaient les lieux. Ils ont ciblé la cathédrale Sainte-Brigitte à seize reprises entre 835 et 998.
Au sein du complexe de la cathédrale se trouvent également les vestiges de l'édifice où un feu perpétuel brûlait à la mémoire de la « glorieuse Brigitte ». Au XIIe siècle, un chroniqueur cambro-normand nommé Giraldus Cambrensis a décrit comment cette flamme était entretenue par 19 religieuses. Entouré d'une haie circulaire, il s'agissait là d'un territoire exclusivement réservé aux femmes. Si un homme « imprudent » essayait d'y pénétrer, Giraldus avertit : « Il n'échappera pas à la vengeance divine ».
Un archer médiéval qui a sauté au-dessus de la haie et a soufflé sur le feu a ensuite perdu la raison et s'est noyé. Un autre intrus a vu « sa jambe et son pied immédiatement flétrir ».
Solas Bhríde, ville de Kildare
Un héritage durable
Hélas, de telles menaces n'ont pas empêché les trouble-fête de la Réforme d'éteindre le feu lorsqu'ils ont complètement rasé l'abbaye historique de Sainte-Brigitte dans les années 1530.
Heureusement, les Sœurs Brigidine sont venues à la rescousse et ont vaillamment allumé une nouvelle flamme perpétuelle lors d'une conférence sur la justice, la paix et les droits de l'homme en Afrique en 1993. (Les Brigidines sont, comme leur nom l'indique, un ordre de religieuses dévouées à Sainte-Brigitte.)
Vous verrez cette douce flamme brûler dans une magnifique sculpture en chêne des marais au Solas Bhríde Centre and Hermitages juste à la sortie de la ville de Kildare, près du puits sacré de Tully.
Comme l'explique la Sœur Brigidine, Phil O’Shea : « Nous la faisons brûler comme une lumière d'espoir, de justice et de paix pour notre monde. Elle a frappé l'imagination de tant de personnes. Ils y voient tous des choses différentes. Certaines sont issues de la tradition de la déesse, d'autres viennent de la sainte, symbolisant la lumière du Christ. »
Solas Bhríde, ville de Kildare
Le centre Solas Bhríde a ouvert ses portes en 2015 et prend la forme d'une croix de Sainte-Brigitte. Sœur Phil, qui a cofondé le centre, pense que la sainte elle-même gagne en pertinence contemporaine.
« Notre centre examine les légendes de la sainte et la manière dont elles nous parlent aujourd'hui. Beaucoup de ses histoires portent sur la protection de la terre et du territoire, pour notre climat. Elle a également cherché à rendre justice aux pauvres, ce qui résonne aujourd'hui.
« Elle était réputée pour être une femme de paix, de bienveillance et d'une profonde contemplation. Il y a toujours une partie d'elle qui résonne en nous. »
L'histoire païenne
Une flamme du Solas Bhríde allume le feu qui brûle dans la ville de Kildare pendant toute la durée du Festival Sainte-Brigitte chaque année.
Aujourd'hui, cette flamme perpétuelle éclaire l'éléphant au coin de la rue avec cette histoire. Les feux, en particulier les feux perpétuels, font partie intégrante du christianisme, mais ils ont aussi une dimension paléochrétienne. On pense aux vierges vestales qui entretenaient le feu sacré dans le temple de la déesse romaine Vesta.
En résumé, Sainte-Brigitte repose sur une importante toile de fond historique. Cela signifie que presque tout ce que vous avez lu dans cet article jusqu'à ce point commence à être un peu bancal. Parce qu'il s'avère que Sainte-Brigitte a beaucoup de choses en commun avec plusieurs déesses païennes pré-chrétiennes.
Statue de la déesse Bríg
À l'origine, il y a Bríg, une déesse mère celte de la mythique Tuatha Dé Danann, nourrie par le lait d'une vache sacrée quand elle était enfant. Ça vous dit quelque chose ? Son mari régna en tant que roi d'Irlande pendant sept interminables années, jusqu'à ce qu'il soit empoisonné. Bien qu'une version dit qu'il aurait en fait abdiqué pour devenir conseiller agricole.
Pour compliquer encore les choses, les païens vénéraient également une triple divinité, composée de trois sœurs, toutes appelées Brigitte, dédiées respectivement à la poésie, à la guérison et à la forge. D'autres pensent que Brigitte (ou Brigid) et Bríg sont autant de déclinaisons d'une déesse de l'aurore vénérée par les Indo-européens depuis très, très longtemps.
Ajoutez l'idée qu'elle est une variante de Brigantia, l'équivalent celte de la déesse grecque Athena ou de la déesse romaine Minerva, et vous voilà dans la confusion la plus totale.
Dr Niamh Wycherley, département de l'Irlande primitive, université de Maynooth.
L'histoire de Sainte-Brigitte
J'ai demandé de l'aide au Dr Niamh Wycherley, du département de l'Irlande primitive à l'université de Maynooth. Elle est également l'auteure de l'ouvrage « The Cult of Relics in Early Medieval Ireland », lauréate du prix NUI Publication dans la catégorie Histoire irlandaise en 2017.
« Il n'y a pas qu'une seule Brigitte », explique Niamh. « Il n'existe aucun récit factuel clair à son sujet. Les gens la renomment et la réinventent depuis au moins 1 500 ans. Son histoire a été façonnée par des communautés de différents endroits pour différentes raisons. Tant la déesse que la sainte relate des récits imaginés par les générations suivantes. »
Puits sacré de Sainte-Brigitte, comté de Kildare
Même les admirateurs chrétiens les plus fervents de Sainte-Brigitte reconnaissent que les faits sont quelque peu tirés par les cheveux. Essayer de démêler les mythes et les vérités est un casse-tête depuis des siècles, dans des récits truffés de mondes parallèles. Imaginez quelqu'un, dans un millier d'années, qui essayerait de comprendre l'époque dans laquelle nous vivons en lisant un livre sur Spiderman et Luke Skywalker.
Comme Niamh l'observe, nous ne devons pas perdre de vue qu'une femme, probablement appelée Brigitte, a fait de Kildare l'un des hauts lieux de l'Irlande.
« La vraie Brigitte qui a fondé Kildare doit être applaudie pour avoir laissé une telle empreinte dans un monde dominé par les hommes », explique Niamh. « Pendant plusieurs siècles, l'abbesse de Kildare était sans doute la femme la plus puissante d'Irlande. »
Old Faughart Graveyard, comté de Louth
Icône féministe du XXIe siècle
Son rôle de leader en tant qu'abbesse de Kildare dans un monde dominé par les hommes explique également sa position d'icône féministe au XXIe siècle. Lorsque l'Église d'Irlande a nommé Patricia Storey en tant que première femme évêque en 2013, elle a reçu les diocèses unis de Meath et Kildare.
Plus tard, Sainte-Brigitte elle-même deviendrait « Muire na nGael » (Marie d'Irlande), aussi vénérable que la Sainte Vierge, mère du Christ, et arrivant juste après Saint-Patrick dans la hiérarchie des saints patrons.
Kildare a prospéré grâce à sa légende. Les pèlerins sont venus contempler sa tombe, « ornée d'une profusion raffinée d'or, d'argent, de joyaux et de pierres précieuses avec des lustres d'or et d'argent suspendus du ciel ».
La ville abritant la cathédrale est devenue un grand centre de théologie et d'apprentissage, avec un oratoire, un scriptorium et une école d'art où étaient enseignées la ferronnerie et l'illumination.
Ces pèlerins diffusaient également les histoires de Sainte-Brigitte en Grande-Bretagne et sur le continent européen, et elle est donc devenue un sainte internationale, vénérée dans des villes comme Cologne et Lisbonne.
Brigitte et le début du printemps
Outre le fait d'être des femmes, l'autre chose que toutes les Bríg, Brigid et Brigitte ont en commun, c'est que leur fête a lieu au début du printemps. La fête de la Sainte-Brigitte (Lá Fhéile Bríde) tombe le 1er février, date présumée de son décès. À partir de 2023, ce sera un nouveau jour férié en Irlande, une célébration conjointe de la Sainte-Brigitte et de l'Imbolc.
L'Imbolc est l'un des quatre jours célébrés dans l'Irlande pré-chrétienne. À mi-chemin entre le solstice d'hiver et l'équinoxe de printemps, l'Imbolc signifie « le ventre » et fait référence aux brebis sur le point de mettre bas.
Pour une société agricole, c'était une période extrêmement importante, marquant le passage de l'hiver au printemps, les premiers bêles des agneaux nouveau-nés, un nouveau cycle de lactation pour le bétail. Ainsi, le 1er février était célébré par un festival regorgeant de symboles de Sainte-Brigitte, y compris la fertilité et la multiplication.
Cette célébration s'est poursuivie lorsque l'Église chrétienne a commencé à célébrer la fête de Sainte-Brigitte le même jour que l'Imbolc. Si vous êtes en Irlande le 1er février prochain, dirigez-vous vers l'un des centaines de puits de Sainte-Brigitte à travers l'Irlande.
Contemplation paisible du puits de Sainte-Brigitte, comté de Kildare
À part Saint-Patrick, Sainte-Brigitte compte le plus de puits qui lui sont dédiés que n'importe quel autre saint. En fait, elle bat Saint-Patrick dans les comtés de Kildare, Dublin et Laois, et même dans le royaume lointain de Kerry, elle possède 11 puits sacrés, faisant d'elle le troisième saint le plus populaire de ce comté éloigné.
Certains des puits qui lui sont dédiés sont inévitablement également associés à la déesse Bríg.
Puits sacrés et remèdes universels
Au cours des siècles passés, ces puits sacrés rassemblaient chaque année des gens à l'occasion de sa fête. Beaucoup étaient réputés pour guérir la mauvaise vue ; d'autres aidaient à tomber enceinte et à soulager la douleur des contractions. D'autres encore étaient supposés guérir l'infertilité et l'impuissance.
Ces puits sont souvent accompagnés d'un arbre « clooty » généralement une aubépine recouverte de rubans, de bandages et d'autres curieuses babioles laissées comme offrandes du peuple à la sainte ou à la déesse, comme vous voulez.
Arbre « clooty » près du puits sacré de Sainte-Brigitte, comté de Kildare
Il y a deux magnifiques puits à Tully, juste à la sortie de la ville de Kildare. Le premier est le Wayside Well situé dans le parking des Irish National Stud and Gardens. Le deuxième est situé près de Tobair Bride (St Brigid’s Well), où un cours d'eau limpide et peu profond traverse sereinement une prairie légèrement paysagée où se trouvent un sanctuaire en pierre et le puits sacré lui-même. Il était entouré d'au moins cinq arbres recouverts d'offrandes : des rosettes, des colliers, des rubans, des drapeaux tricolores, des croix de Sainte-Brigitte.
Lors de ma visite, une femme âgée de Sligo était présente avec son neveu et sa nièce. Alors que nous engagions la discussion, le neveu m'a demandé assez humblement s'il pouvait attacher un masque chirurgical à l'une des branches. Son oncle était hospitalisé avec le Covid, et ils espéraient que cela serait utile. Il était étonnant de voir cette ancienne tradition folklorique sous une lumière tellement actuelle.
Sanctuaire de Sainte-Brigitte, comté de Louth
Une Brigitte pour tout le monde
Comme le dit Sœur Phil, la beauté de Brigitte est que vous pouvez choisir la version qui vous convient. Vous aimez peut-être sa gentillesse envers les animaux ou sa générosité envers les pauvres. Ou la façon dont elle s'est liée d'amitié avec les lépreux et a aidé les muets à parler. Ou sa confiture de myrtille, réputée excellente.
Son histoire a été constamment réinventée et revisitée par chaque nouvelle génération. 50 ou 60 générations après sa vie supposée, elle demeure l'une des saintes les plus populaires d'Irlande, la défenseure des opprimés, la cheffe religieuse d'innombrables communautés.
En tant que sainte patronne des bébés, des sages-femmes, des bovins, des ordinateurs, des forgerons, de la bière et de nombreux autres devoirs, il est tout à fait clair que cette sainte n'a pas l'intention de disparaître du monde moderne.
Sa détermination à éradiquer le mal résonne fortement aujourd'hui, tout comme la manière dont elle a surmonté l'adversité de ses origines pour devenir une force de bonne volonté incroyablement puissante.
Croix de Sainte-Brigitte, sanctuaire de Sainte-Brigitte, comté de Louth
Un nom aux mille déclinaisons
L'ancien mot irlandais « Brigit », d'où vient le nom « Brigitte » ou « Brígid », proviendrait de « brígh », qui signifie « femme forte et protectrice », ou de « brigantinta », signifiant « haute » ou « exaltée ». Sa forme la plus populaire est « Bridget ».
Cherchez Bridget lors du recensement de 1901 et vous trouverez 154 000 femmes irlandaises qui auraient répondu à ce nom. C'est avant de parcourir les multiples déclinaisons (Bríghid, Briget, Bridgette, etc. ) et les variations (essayez Brid, Bridie, Bride, Biddy, Bridge, Bridgie, Breda et Breeda).
Certaines variations ont été plus populaires que d'autres. La popularité de Biddy a diminué lorsque ce nom est devenu un terme péjoratif qualifiant une femme âgée et grincheuse. De même, « Bridgets » est devenu un terme quelque peu péjoratif pour les femmes irlandaises qui travaillaient comme domestiques aux États-Unis au XIXe siècle.
Avant 1965, toutes les filles du diocèse catholique de Kildare et Leighlin étaient tenues de prendre le nom de Brigid lors de leur confirmation. Si elles étaient déjà nommées Brigid, elles prenaient le nom de Mary.
En Irlande, il y a au moins 62 townlands et 18 paroisses directement liées à Sainte-Brigitte. Outre les puits sacrés, des dizaines d'églises, d'écoles, de couvents, de clubs gaéliques et d'hôpitaux lui sont dédiés en Irlande.
En effet, elle est vénérée aux quatre coins du monde, de l'Australie au Vermont. Il y a même une île recouverte de glace qui porte son nom en Antarctique.
Cinq lieux pour découvrir Brigitte
Cathédrale Sainte-Brigitte, Kildare, comté de Kildare
La ville de Kildare organise chaque année le Festival de Sainte-Brigitte (Féile Bríde), dont une partie a lieu à la Cathédrale Sainte-Brigitte. Construite sur le site de l'Église d'origine, elle était en fait une ruine à l'époque où l'armée de Cromwell a débarqué en Irlande en 1640. Partiellement reconstruite en 1686, elle a de nouveau été oubliée avant d'être complètement reconstruite entre 1875 et 1896. L'un des monuments marquants est le Temple du feu où la flamme perpétuelle était autrefois entretenue.
Solas Bhríde Centre & Hermitages, Tully Road, ville de Kildare
Un centre de spiritualité chrétienne, où la flamme de Brigitte, rallumée en 1993, est une lumière d'espoir, de justice et de paix pour le monde.
Brigit’s Garden, Roscahill, comté de Galway
Une beauté à la porte du Connemara, avec quatre jardins qui représentent chacun l'un des festivals du quartier celte de la Samain, de l'Imbolc, de la Bealtaine et du Lughnasa.
Festival Brigid of Faughart, colline de Faughart, comté de Louth
Organisé sur une colline modeste mais profondément historique près de la frontière nord-irlandaise, le festival offre « différents moyens d'accéder à la sagesse de Brigitte », à la fois en tant que déesse pré-chrétienne et en tant que sainte chrétienne. Il explore également son intérêt pour la société contemporaine par le biais de la mythologie irlandaise, du paysage, du folklore, des coutumes spirituelles, du pèlerinage, de la poésie, de la musique et de la danse.
Delany School, Tullow, comté de Carlow
L'évêque Daniel Delany a fondé les congrégations enseignantes brigittines et patriciennes à Tullow en 1807 et 1808, respectivement. Le musée du grand évêque Daniel Delany, dans le couvent des Brigidines, présente l'aspect historique de ces ordres ainsi que des objets associés à l'évêque. Le musée peut être visité sur rendez-vous en contactant le Centre paroissial de Tullow, par téléphone au 059 91 51277.